L’idée d’une vie à deux est largement promue comme un idéal de bonheur et de santé. Historiquement, dès le XIXe siècle, de multiples recherches ont célébré les mérites du mariage, suggérant que ceux qui ont dit « oui » jouissent d’une meilleure santé. Des études contemporaines renchérissent, arguant que les personnes en couple sont moins enclines à affronter des maladies telles que la pneumonie, le cancer ou des affections cardiaques.
Pourtant, il serait hâtif de déduire que le célibat est une sentence de solitude ou de mal-être. En effet, les recherches récentes tendent à mettre en lumière les nombreux avantages cachés du célibat. Au-delà des clichés, le célibat est synonyme d’une vie sociale plus riche et d’une volonté aiguisée d’atteindre ses objectifs.
Bella DePaulo, chercheuse renommée de l’université de Californie à Santa Barbara, en est l’illustration parfaite. À 63 ans, elle affirme sans détour lors d’une conférence TedX : « Nous grandissons avec l’idée que le mariage est le remède à la solitude. Pourtant, cette équation n’a jamais résonné en moi. » Célibataire de longue date, DePaulo a fait de la quête du bonheur chez les célibataires le cœur de ses recherches.
Pour cette universitaire, le débat sur le célibat est souvent biaisé par des stéréotypes négatifs. « Les préoccupations liées aux difficultés de la solitude peuvent masquer les réels bénéfices de la vie en solo, » estime-t-elle.
Suite à une analyse exhaustive en 2016, DePaulo révèle que :
1. Le réseau social des célibataires est plus étoffé.
Contrairement à l’idée reçue, les célibataires ne sont pas isolés. Ils entretiennent souvent des relations plus profondes avec leurs amis et mettent un point d’honneur à maintenir le lien avec leur famille et leur entourage proche. Là où les couples peuvent parfois se replier sur eux-mêmes, les célibataires, eux, rayonnent dans leur communauté.
Ces observations découlent d’une étude américaine de 2015, basée sur des données de recensement. Publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships, cette recherche stipule que « les célibataires, en particulier ceux qui n’ont jamais contracté d’union, sont plus enclins à solliciter et recevoir le soutien de leurs proches que les personnes mariées. »
Pour DePaulo, le message est clair : ce n’est pas tant le statut marital qui compte, mais bien la qualité des relations entretenues. Avoir quelqu’un à ses côtés est certes agréable, mais pouvoir compter sur un cercle proche solide est fondamental pour notre bien-être.
2. Le célibat : source d’autonomie et de satisfaction profonde.
Il serait erroné de penser que le bonheur et l’épanouissement sont la chasse gardée de la vie conjugale. Bella DePaulo souligne que, loin d’être uniquement liés à la vie à deux, ces sentiments peuvent également être nourris par « l’autonomie, l’ambition et [le sentiment] de piloter sa propre existence ».
Les célibataires, avec cette latitude incontestable pour définir leurs propres chemins, cherchent souvent ce qui les passionne et ce qui les épanouit personnellement. Ils peuvent, par exemple, s’adonner à une carrière plus stimulante ou poursuivre un développement personnel plus profond. DePaulo ajoute, basant ses dires sur une étude parue dans le Journal of Family Issues, que « bien que le mariage puisse favoriser le bien-être de certains, dans des domaines tels que l’autonomie et l’épanouissement personnel, les célibataires semblent souvent avoir une longueur d’avance ».
De nombreuses personnes non-mariées sondées se reconnaissent dans des affirmations telles que : « Ma vie est une quête perpétuelle d’apprentissage, de transformation et de progression » ou « J’estime essentiel de vivre des expériences inédites qui bousculent ma perception de moi-même et du monde ».
3. Mariage vs Célibat : Le mythe de la santé supérieure remis en question.
Longtemps, le mariage a été considéré comme un gage de bonne santé. Cependant, une étude plus récente a osé briser ce mythe. Matthijs Kalmijn, de l’université d’Amsterdam, s’est penché sur des données suisses recueillies sur une période de 16 ans. Ses conclusions, publiées en 2017 dans la revue Social Forces, questionnent fortement la « théorie de la protection de la santé » attribuée au mariage.
Bien que les avantages mentaux du mariage soient indéniables, sa relation avec la santé physique n’est pas aussi claire. Comme le souligne Kalmijn : « Il semblerait que le mariage ait plus trait à une perception positive de la vie qu’à une amélioration concrète de la santé physique ». Cela dit, il serait injuste de nier les bénéfices des mariages heureux, qu’il s’agisse de stabilité financière ou du soutien émotionnel que procure la vie à deux.
L’objectif de Bella DePaulo n’est pas de dévaloriser le mariage, mais de souligner que chaque mode de vie possède ses mérites. Ce qui importe vraiment est de trouver le chemin qui nous correspond le mieux, sans céder aux pressions sociétales. Comme elle le déclarait lors d’une conférence en 2016 : « Le véritable enjeu n’est pas de suivre une norme sociale, mais de trouver le cadre de vie où nous pouvons être nous-mêmes, authentiques, et vivre notre vie à son plein potentiel ».
En fin de compte, le célibat, loin d’être un poids, peut être une source de richesse relationnelle et personnelle. Une autre facette de la vie que la science s’emploie aujourd’hui à célébrer.